Conférence de presse Flashback:

31 mai 2006



Récit François Schotte






Mercredi 31 mai 2006, 11h30, Palais Omnisport de Bercy, une meute haletante de journalistes, équipés du précieux sésame, attendent avec impatience d'avoir accès au salon d'honneur de Bercy pour participer à la conférence de presse de lancement des concerts du Flashback Tour. L'artiste (comme aime à l'appeler Jean Claude Camus) et son staff rapproché sont prêts à lancer la 31ème campagne de concerts de la carrière de l'idole. Avec plus de 100 représentations prévues, ce long voyage va permettre de « revisiter » les salles et les répertoires qui ont marqué ces 45 années passées sur les planches.

Pour cela, il sera accompagné d'une nouvelle formation resserrée, de 10 musiciens, dirigée par Yvan Cassar. Nous sommes très loin de l'époque des orchestres symphoniques sur scène et des gros ensembles de cuivres.

La scène se veut en totale rupture avec les précédentes en mariant, de façon inédite le classicisme d'un opéra dévasté avec la technologie du XXIe siècle, le tout au service d'une nouvelle dimension de la couleur musicale du répertoire.

Johnny ouvre la séance sous le crépitement des appareils photos :

« J'ai voulu créé un nouvel univers visuel avec un décor qui changera en cours de spectacle ». Bernard Schmitt, concepteur de la mise en scène me confiera ensuite en aparté que le spectacle sera ponctué de vidéos qui illustreront chaque chanson sans pour autant détourner le spectateur du chanteur. Ce dernier précise que la scène de la première partie se situera dans le cadre d'un opéra dévasté par un bombardement. Au milieu de colonnes tombées et de rideaux déchirés il axera son répertoire sur des chansons sorties pour certaines depuis longtemps de son tour de chant. La fin des sixties sera notamment à l'honneur avec des versions inédites de « Voyage au pays des vivants » et « Rivière ouvre ton lit ». Grâce à la baguette magique d'Yvan Cassar les chansons bénéficieront d'une nouvelle couleur musicale.

Yvan Cassar, lors d'un entretien exclusif à l'issue de la conférence, me précisera qu'il a voulu rompre totalement avec le rituel des tournées précédentes (voir interview). « J'ai recherché un retour à l'énergie, à la couleur, au plus près du son. Je n'ai pas cru que je pourrais aller aussi loin dans cette recherche d'authenticité. Johnny m'a suivi dans la quête de la pureté du son façon années 70, de l'énergie brute. Quelle jouissance de revenir au vrai son de l'harmonica, de la guitare , des percussions, des B3 et du piano, très loin des synthétiseurs. Comme pour la recherche du son pur du Jazz des sixties que j'ai pu faire avec d'autres (Claude Nougaro et Charles Aznavour notamment), j'ai pu déshabiller les morceaux. Nous proposerons notamment un Hey Joe très Hendrixien ou un Bon temps du Rock'n Roll très Pete Seeger et Ted Nuggent. »

Johnny précise qu'il chantera les incontournables (Gabrielle, Que je t'aime) avec souvent des surprises. L'orchestre incorporera quelques anciens Robin Lemesurier - Rejean Lachance mais aussi beaucoup de nouveaux Laurent Vernerey à la Basse, Geooff Duhgmore à la Batterie, Alain Couture à la guitare acoustique Pour la première fois un percussionniste: Nicolas Montazaud et un seul cuivre, le saxophoniste Ray Hermann. Deux choristes féminines Johanna Manchec et Amy Keys. Johnny ajoute qu'il fera deux duos avec cette dernière dont « J'oublierai ton nom »

Il y aura trois inédits : « La loi du silence », « Tout seul au milieu d'un lac, sur un bateau qui craque » écrit par Jean Louis Seigner, le père de Mathilde et « La Quête », qui clôturera le spectacle, reprise du morceau de Jacques Brel extrait de « L'homme de la Mancha ».

Le spectacle sera le même selon les tailles des salles mais l'orchestre a répété beaucoup plus de morceaux que les vingt cinq qui seront joués sur scène afin de permettre d'en intercaler de nouveaux en cours de spectacle. La couleur sonore sera par contre adaptée à l'environnement.

« A la différence des fois précédentes, répond Johnny à une question que je lui pose il n'y aura pas d'invités. Je veux mettre en valeur mon orchestre et mes deux choristes ».

Pour la deuxième partie du spectacle, nous serons dans un décor plus actuel avec des écrans géants.

Question: que représente pour vous Bercy où nous sommes aujourd'hui?

J'ai débuté à l'Alhambra , en 1ère partie de Raymond Devos. Bruno Coquatrix m'a alors annoncé qu'il m'offrait d'être en vedette à l'Olympia. Quelques mois plus tard, je suis passé au Palais des Sports. Je me suis dit « qu'est-ce que c'est grand » . Après une seconde fois dans la même salle, Robert Thominet m'a proposé de me produire à Bercy qui était en construction. Il m'a emmené voir le chantier, cela m'a paru énorme. Je suis ensuite passé au Parc des Princes et au Stade de France. Bercy me semble désormais tout petit.

Question: que pensez vous des « Vieilles charrues » où vous allez vous produire?

Outre le plaisir de voir les bretons et de permettre à mes amis de Quiberon de venir me voir facilement, j'adore l'ambiance des festivals. Ils sont très différents des tournées. Le public y reste des jours entiers pour voir différents artistes, et ne vient pas nécessairement pour vous voir. C'est à chaque fois un challenge. On avait perdu en France l'habitude des festivals, je suis heureux qu'on y revienne.

Question: La captation du Palais des Sports donnera t-elle lieu à la sortie du premier concert en DVHD?

Réponse de Thierry Chassage de Warner.

Pour le moment la TVHD n'est pas prévue. L'important est la qualité du spectacle, c'est la matière essentielle.

Question : pourquoi choisir Los Angeles pour les répétitions?

Je peux m'y ressourcer, faire mon entraînement physique et aller faire mon marché en toute quiétude. J'y trouve de l'aération. J'y ai vécu dix ans dans les années 70, mes musiciens sont de là bas, c'est plus facile pour répéter. Je peux aussi bien évidemment faire de la moto. Il n'y pleut pas tous les jours comme actuellement à Paris .

Question: comment s'est passé votre premier passage en 1961 au Palais des Sports?

C'était un festival de Rock N' Roll. Je n'y chantais que cinq chansons. Les gens ne venaient pas comme aujourd'hui pour la musique. Ils venaient pour s'y battre avec les blousons noirs d'autres quartiers et casser les fauteuils.

Question: où en est le projet de disque de blues?

C'est mon grand projet pour l'année prochaine. Dès la sortie du Live de Flashback nous attaquerons le choix du répertoire. Je veux essayer de faire un album de blues qui soit à la portée du public français. Si l'on fait du blues traditionnel, les gens vont trouver cela trop long. Je veux intéresser mélodiquement mon public.

Question: vous allez venir à Forest National, le ferez-vous sous la bannière française ou belge

Il s'agit d'un choix privé dont je ne souhaite pas discuter aujourd'hui. Par contre je vous précise que j'adore Bruxelles, on y mange bien et le public est chaleureux. Je cherche avec mon associé du Balzac à y ouvrir un second restaurant qui comportera huit suites afin que des musiciens ou des acteurs puissent y organiser des réceptions.

Question: quel est le budget de Flashback

Comme en 2003, nous devrions frôler le million de spectateurs. C'est le budget d'un bon long métrage, de l'ordre de 50 millions d'euros.

Question de Jean Claude Camus : des noms, quel film, Jean Philippe

Réponse de JH: Jean Philippe était plus cher !

Question: vous allez chanter en Suisse, voyez-vous des différences entre les publics

Il y a peu de différences. Un spectacle cela coûte cher, les gens viennent pour participer à une fête, si l'on donne de la qualité, le public renvoie sa satisfaction. Et tout le monde artiste et public en sort heureux.

Question: vous allez participer au festival de Poupet à St Malo du Bois en Vendée dans une prairie. Pourquoi ce choix.

Lorsque j'ai connu Jean Claude Camus, il y a bien longtemps, nous étions jeune et beau. Remarque de Jean Claude Camus: « tu étais beau, j'étais jeune ».

Je suis arrivé dans un champ vide avec des vaches. Le village le plus proche était à 35 km. Il avait plu. On m'emmène dans une petite caravane. Vers 21h j'en sors , il y avait un boucan d'enfer, « Johnny, Johnny … ». Le terrain s'était couvert de 25.000 personnes. Le concert a été une fête. A Saint Martin de Seignanx et à St Malo du Bois, nous aurons deux concerts organisés par des associations, des amateurs. C'est courageux.

Question: quelle musique écoutez-vous actuellement

J'écoute toutes les musiques mais avec une prédilection pour le blues, le R & B, j'adore les Stones et Bono.

Question: les costumes seront réalisés par Franck Sorbier, qui habille Mylène Farmer, allez vous porter de la dentelle

Depuis Itsy Petit Bikini, je ne porte plus de dentelles !

Je suis allé voir le spectacle de Mylène. C'était formidable. Ma femme s'est occupée de tout pendant que je répétais à Los Angeles. Elle est juste venue me soumettre des échantillons de tissus et de cuir. Je crois que cela sera assez réussi.

Question: les décors seront-ils identiques quelque soit l'endroit

Il y aura en fait trois scènes différentes qui voyageront mais un seul décor qui pourra s'agrandir en fonction de l'espace disponible.

Question: comment se passe le travail avec Yvan Cassar

C'est un travail d'équipe. Je lui dis quelles chansons j'ai envie de faire et ensuite il les orchestre. Je laisse faire sa plume, son imagination. Pour cette fois-ci nous aurons une énergie très brute. Un son plus groupe qu'orchestre.

Question: comment s'est déroulé le choix des musiciens

Pour chaque musicien et chaque choriste, j'ai fait passer des auditions vidéos à Londres et à Los Angeles. J'ai ensuite visionné une dizaine de vidéos pour chaque poste à pourvoir.

Mon critère : le style musical qui doit coller avec l'ambiance recherchée.

Pour ma choriste principale, Amly Keys, nous avons la chance de bénéficier d'une grande voix, connue aux Etats-Unis, qui a déjà chanté avec Phil Collins et Sting.

Question: allez vous faire prochainement d'autres films

On m'a proposé récemment de jouer dans la suite de Pirates des Caraïbes avec Johnny Deep, j'ai refusé, on ne peut pas tout faire en même temps.

Question: pourquoi finir le spectacle par « La Quête »

Cette chanson m'arrache les larmes. Je cherche à atteindre l'inaccessible étoile. Je ne l'ai jusqu'à présent que frôlée. Cela donne espoir. Ne dit on pas qu'exister c'est insister.

J'aime finir mes spectacles par une grande chanson française. Ce sont des bijoux qu'il ne faut pas oublier, je les chante à ma façon qui n'est pas celle de Brel ou de Piaf.

Question: après 45 ans, le plaisir est-il toujours le même?

L'envie est toujours là. Par contre le trac est de plus en plus fort. A l'extérieur, je parais décontracté, mais à l'intérieur c'est dur. Je dors très mal. Une heure de sommeil puis je me réveille. Comme un bébé qui pleurerait toutes les heures.

J'essaye de m'imaginer tout ce qui ne va pas marcher : ai-je fait les bons choix, le mécanisme de la scène ne va-t-il pas tomber en panne, le public va-t-il accrocher au nouveau son?
A vingt ans, je n'avais pas du tout ce trac. Par contre, physiquement je me sens plus en forme qu'à 30 ans, grâce au sport.

Une dernière question: Pouquoi un spectacle en deux décors?

Le premier peut symboliser la guerre. Mon enfance. Je suis né un peu avant le fin de la guerre, j'ai connu cela. C'est une partie intégrante de ma mémoire. Par contre la second décor plus actuel, plus techno symbolise sans doute la période actuelle et tout le chemin parcouru. Bref un vrai Flashback sur ma vie. Rendez vous au 2 juin.

J.C. Camus a chaleureusement remercié les bénévoles qui organisent les concerts du Poupet et de St Martin de Seignanx au Pays basque.

La conférence a duré une petite heure.




François Schotte