Voyageur clandestin
        2015 (Jeanne Cherhal / Yodelice)

        Il a su ce matin
        Qu'il n'y retournerait pas
        On n'avait plus besoin
        De ses bras

        La sentence est tombée
        Comme on plante un couteau
        Il a fallu plier
        Aussitôt

        Du chantier poussiéreux
        Il a servi sans trêve
        Il garde au fond des yeux
        Son vieux rêve

        Alors comme un marin
        Il s'accroche à la barre
        Il se crache dans les mains
        Et se barre

        Quand il a débarqué
        Voyageur clandestin
        La nuit froide a marqué
        Son destin

        Il avait pris la mer
        Sur une coquille de noix
        Comme beaucoup de ses frères
        Qui se noient

        Il est resté des jours
        Á la frontière du Nord
        Sur les docks alentours
        Sur le port

        Et n'a pas regretté
        D'avoir quitté les siens
        Même quand on l'a traité
        Comme un chien

        Pour trois sous faméliques
        Et un patron obscène
        Il a cassé les briques
        Á la chaîne

        A bâtir des façades
        Creuser des conduits
        A se rendre malade
        Sous la pluie

        Le chantier poussiéreux
        Ne voulant plus de lui
        Zacarias fait un vœux
        Et sourit

        Et puis comme un marin
        Qui s'accroche à son mât
        Il se crache dans les mains
        Et s'en va




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