La chanson des restos
        1989 (J. J. Goldman)


        Moi, je file un rancard
        A ceux qui n'ont plus rien
        Sans idéologie, discours ou baratin
        On vous promettra pas
        Les toujours du grand soir
        Mais juste pour l'hiver
        A manger et à boire

        A tous les recalés de l'âge et du chômage
        Les privés du gâteau, les exclus du partage
        Si nous pensons à vous, c'est en fait égoïste
        Demain, nos noms, peut-être grossiront la liste


        Aujourd'hui, on n'a plus le droit
        Ni d'avoir faim, ni d'avoir froid
        Dépassé le chacun pour soi
        Quand je pense à toi, je pense à moi

        Je te promets pas le grand soir
        Mais juste à manger et à boire
        Un peu de pain et de chaleur
        Dans les restos, les restos du coeur

        Aujourd'hui, on n'a plus le droit
        Ni d'avoir faim, ni d'avoir froid

        Autrefois on gardait toujours une place à table
        Une soupe, une chaise, un coin sans l'étable
        Aujourd'hui nos paupières et nos portes sont closes
        Les autres sont toujours, toujours en overdose

        J'ai pas mauvaise conscience
        Ça m'empêche pas d' dormir
        Mais pour tout dire
        Ca gâche un peu le goût d'mes plaisirs


        C'est pas vraiment de ma faute
        Si y'en a qui ont faim
        Mais ça le deviendrait
        Si on n'y change rien

        Aujourd'hui, on n'a plus le droit
        Ni d'avoir faim, ni d'avoir froid
        Dépassé le chacun pour soi
        Quand je pense à toi, je pense à moi

        Je te promets pas le grand soir
        Mais juste à manger et à boire
        Un peu de pain et de chaleur
        Dans les restos, les restos du coeur

        Aujourd'hui, on n'a plus le droit
        Ni d'avoir faim, ni d'avoir froid

        J'ai pas de solution pour te changer la vie
        Mais si je peux t'aider quelques heures, allons-y
        Y a bien d'autres misères, trop pour un inventaire
        Mais ça se passe ici, ici et aujourd'hui


        Aujourd'hui, on n'a plus le droit
        Ni d'avoir faim, ni d'avoir froid
        Dépassé le chacun pour soi
        Quand je pense à toi, je pense à moi

        Je te promets pas le grand soir
        Mais juste à manger et à boire
        Un peu de pain et de chaleur
        Dans les restos, les restos du coeur

        Aujourd'hui, on n'a plus le droit
        Ni d'avoir faim, ni d'avoir froid…



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